par Proxima2000taur
Il se mit debout. Trop vite peut-être, sa tête tournait. Il se sentait faible. Son visage pesait une tonne et portait les marques de sa léthargie. Il était nu et se mit donc à fouiller le sol à la recherche de quelconque parure. À part quelques débris jonchant le sol, il n’y avait rien. Il se sentait seul et il l’était. Seul, en face de ce mur contre lequel il s’était longuement reposé et qu’il fallait désormais escalader.
Seulement voilà, entre son corps encore titubant et ce mur à l’allure robuste se dressait déjà le chantier d’un second mur. Enfin, pour l’heure, il y avait surtout un petit escabeau qui y avait été installé. Etrange, il n’y avait pourtant que lui dans cette allée. Encore plus étrange, derrière l’escabeau s’élevait une ébauche d’échafaudage, qui semblait croître à mesure qu’il dirigeait son regard vers le haut. Il se demanda comment des ouvriers pouvaient travailler aussi vite et surtout combien ils étaient, tapis dans l’ombre à lui vouloir du mal, lui qui s’en était tant donné pour se réveiller.
Il faisait sombre dans cette allée, on n’y voyait rien. Ses jambes étaient lourdes, ses bras lents, ses doigts crispés autour de deux grosses briques ?!! Il les jeta précipitamment au sol et, instinctivement, il grimpa sur l’escabeau. Il avait compris…
C’était simple : pour détruire l’échafaudage et empêcher l’autoconstruction de ce deuxième mur, il lui suffisait de balayer sa base pour que tout dégringole. Mais l’idée de redescendre les deux petites marches de l’escabeau l’épuisait déjà. De plus, il craignait qu’en frappant le premier bambou, toute la structure lui tombe dessus et le blesse. Il leva encore une fois les yeux au ciel et tenta de distinguer quoi que ce soit qui puisse l’aider à se convaincre de grimper. Décidément, il faisait vraiment sombre dans cette allée.
Alors, il décida de faire semblant. De prétendre qu’il était l’architecte de cette plateforme et du labyrinthe qu’elle composait et que, ma foi, il accepterait ce qu’il y adviendrait. Après, tout, il lui fallait franchir ce mur ! Il lui fallait soigner ses cervicales endolories par la brique froide, ce visage déformé par tant d’années d’oisiveté. La tâche fut rude, et ce, dès le premier gradin. Certaines planches n’étaient atteignables qu’à bout de bras, d’autres se mouvaient, il fallait patienter pour y grimper et ainsi accéder à l’étage supérieur. Certaines fois, il dut même descendre d’un niveau ou rebrousser chemin pour continuer son ascension. Toutes les passerelles se révélaient difficiles à franchir, mais ses prises et ses mouvements devenaient plus précis. Il gagnait en assurance malgré le risque et ne s’arrêta jamais.
Une nuit, il finit par atteindre le sommet de l’échafaudage. Wahou ! C’était haut, mais il ne ressentait aucun vertige. Toute la structure se révélait finalement très sûre.
Quant à ce fameux mur, il était là, juste en face, à portée de main. Il posa un pied dessus et se pencha en avant pour observer ce qui se trouvait derrière. Il ne vit absolument rien, l’allée était encore plus sombre de l’autre côté. Alors, il posa son deuxième pied sur le mur, pris de l’élan, et sauta.